Faire tiers-lieux
“Faire tiers-lieux” renvoie à la fois aux usages et pratiques d’un espace (“lieux”) par des personnes (“tiers”), aux processus qui régissent aussi bien cet espace (“lieux”) que les interactions qui s’y déploient (“tiers-lieux”), et enfin à une pluralité d’héritages théoriques et pratiques qui, par leurs croisements, hybridations et diversités permettent l’émergence de configurations sociales particulières.
Description
“Faire tiers-lieux”, c’est donc un espace-temps au sein duquel des personnes se donnent un cadre commun pour faire des choses ensemble de manière autonome. Par autonomie nous n’entendons pas fonctionner “en autarcie” ou “de manière purement indépendante” de l’extérieur. Il s’agit bien plutôt d’agir dans un cadre de relations d’inter/co-dépendance au sein d’un écosystème de confiance. Cette autonomie, comme condition de liberté (“la capacité du sujet à déterminer ses règles” — processus d’individuation mais pas que), de maîtrise (“la capacité du sujet à déterminer effectivement ses règles”), et d’égalité (“capacité de jouir de droits égaux” — processus d’inclusion mais pas que), peut, si non dirigée par et pour la domination, permettre de créer les conditions propices à l’autoréalisation individuelle et collective (la capacité à se réaliser) et l’autodétermination politique (la capacité “à se donner les règles de la vie en commun”) - [“Sauver le progrès”, Peter Wagner].
“Faire tiers-lieux”, c’est (re)créer des dynamiques politiques situées spatialement et temporellement, centrées sur des formes d’agir en commun pour participer à la construction du monde. Il s’agit donc de formes d’organisations sociales - “configuration sociale” - dans le cadre desquelles la libre appropriation, le patrimoine commun, l’émancipation par le faire et la résilience et modularité des agencements citoyens mettent en capacité d’agir sur des questions touchant la soutenabilité et la résilience des modes de vies en collectivité.
“Faire tiers-lieu” c’est travailler “les agencements socio-écologiques”. Il s’agit donc de faciliter et instaurer la contribution active et plurielle des écosystèmes vivants (humaines et non-humaines) à la co-production de l’action publique par les communs; à savoir aussi bien les personnes physiques ou morales, du monde des entreprises ou des administrations publiques, des associations, des corps intermédiaires, des universités, que toutes les entités constitutives de nos environnements et agissant réciproquement sur nos sociétés.
Expériences / Cas d’usage
La MYNE
” La Myne est un laboratoire de recherche pour les citoyen⋅ne⋅s qui expérimentent le futur. Nous agissons en Tier(s)-Lieu(x) par les Communs.”
La MYNE est un laboratoire citoyen, organisé en tiers-lieu(x) libre et open source à Villeurbanne (Métropole de Lyon, Auvergne-Rhône-Alpes). Sa vocation est de soutenir les citoyen⋅ne⋅s qui expérimentent le futur et agissent sur les transitions de système (habitat, alimentation, énergie, etc.).
Ses actions s’inscrivent au niveau national et international dans la dynamique du réseau des Tiers-Lieux Libres et Open Source, construit sur l’échange pair à pair autour d’un patrimoine informationnel communs (www.movilab.org).
Les tiers-lieux sont des écosystèmes soutenant l’expression citoyenne du plus grand nombre. En coopérant à ce projet, La Myne souhaite contribuer à créer les conditions de réalisation d’un processus démocratique et inclusif pour faire valoir la diversité et l’hétérogénéité des voix qui constituent le mouvement des communs, dans une perspective créatrice et inventive de co-construction de l’action publique.
DAISEE
DAISEE est un programme de recherche-action citoyenne trans-disciplinaire initié en 2016 sur la transition énergétique.
Il est produit - entre autres - par le laboratoire citoyen la MYNE et repose sur une dynamique contributive. Il est organisé sous forme de laboratoire distribué et compte des contributeurs/trices partout en France : Lyon, Paris, Nantes, Rennes, Prats, etc.
Ce programme prône le savoir comme bien commun, et à ce titre sont documentés les résultats issus de cette recherche-action ainsi que les processus et méthodologies associés.
Conditions de mise en œuvre ou de développement
De manière générale, six grandes caractéristiques se déclinent pour, faire tiers-lieu :
- Une intention initiale précise : la situation à surmonter dans le tiers-lieu. Il peut s’agir par exemple d’une problématique de territoires : fermeture d’usine, péril écologique, fermeture d’écoles, etc.
- Une organisation responsable : elle organise et modère les rencontres et elle gère la documentation.
- Des rencontres informelles et formelles entre les personnes.
- Des contributeurs : des personnes physiques ou sociales, hétérogènes et indépendantes les unes des autres. Ils sont dans le domaine privé, dans le domaine public et dans la société civile.
- Un socle d’informations commun entre les différentes entités contributrices impliquées. Il comprend les documentations, les rapports de discussions, des données, etc.
- Une production finale acceptée par tous et dont chaque contributeur est prêt à répondre.
Enjeux, leçons apprises de l’expérience
- Non-programmé
- Pragmatique
- Production de communs
- Réciprocité
- Politique et apartisan
- Contribution consciente
- Bien-traitance et convivialité
- Critique, auto-réflexif et agissant
- Pratique et culture commune
- Frugalité de ressources (notamment financière)
- Fonctionnement en réseau
- Diversité des sources de financement
- “Life model” plutôt que “business model”
- Voir aussi les 9 principes du MIT Medialab
Ressources
Général
À propos de la MYNE
- La MYNE : c’est quoi ? - Est-ce que c’est du travail ?
- La MYNE : Une Manufacture des Idées et Nouvelles Expérimentations autonome - Rieul Techer : contributeur à la MYNE
- La MYNE, construire un commun - CCC Media
- La MYNE : pour une capacité d’agir citoyenne - L’Observatoire: La revue des politiques culturelles
À propos de DAISEE